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REINE D’ARBIEUX

plus tôt, sur le bord du Ciron, une papeterie, était entaché d’une assez mauvaise réputation. Il pas­sait pour avoir ruiné son beau-frère, Ferdinand Bernos, un garçon faible, que l’on avait trouvé noyé un matin dans la roue d’un moulin aban­donné, à un endroit solitaire où l’eau tourne et écume sur de grosses pierres. Pendant quelque temps, le silence s’était fait sur cette famille. Puis on apprit que la papeterie avait prospéré et que Sourbets, après l’avoir cédée à son fils, s’était établi plus loin, dans une usine électrique qu’il avait fait aménager près d’une autre chute.

Bien que le monde industriel fût tenu un peu à l’écart, dans une société aussi fermée qu’il est pos­sible à toute entreprise, et hostile aux innovations, voire même au travail, les Sourbets peu à peu s’étaient implantés. Quand Germain, démobilisé, revint à la fabrique, il se montra pourtant assez insociable, ne fréquentant guère qu’une petite auberge de la lande où servait une belle fille, vive comme le feu. On le vit aux arènes de Dax, de Bordeaux et même de Saint-Sébastien, les flam­boyants dimanches d’été où quelque course de tauraux passionne une foule pantelante, trempée de sueur, et enivrée de ses propres cris. Avant d’ache­ter la petite auto rouge qui filait sur les routes bordées de pins et d’acacias, aux profonds sous-bois, il avait toujours dans son écurie deux ou trois trotteurs anglo-arabes, de longue encolure, qu’il attelait à une araignée. Une année qu’il prenait part à une course, sa jument favorite,