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REINE D’ARBIEUX

— Alors, c’est deux chambres que Monsieur veut ?

Il les précéda dans l’escalier, monta trois étages, tourna dans un long couloir couvert d’un tapis qui étouffait le bruit des pas. La lumière électrique, brusquement jaillie, éclaira une rangée de portes ponctuées de chaussures. Reine passait, rasant le mur. Dans ces pièces closes, il y avait des gens inconnus qui demain peut-être poseraient sur elle des yeux soupçonneux.

Quand elle mit la clé dans la serrure, Adrien s’arrêta, attendit qu’elle eût ouvert la porte ; la chambre était petite, tapissée d’un papier à la mode, parsemé de grosses fleurs sur un fond violet, et à moitié remplie par un grand lit. Une ardeur profonde brûla sa poitrine. Il fut sur le point d’entrer tout à fait, de tirer le verrou. Néanmoins il ne pouvait s’y résoudre et de­meurait debout, le souffle coupé, attendant de tout son désir la réponse muette qui ne venait pas.

Il se retrouva dans le couloir, attendit encore, ouvrit enfin la porte voisine. La défaite qu’il subis­sait lui eût été insupportable si quelqu’un en avait été le témoin ; mais qui donc pourrait soupçonner ? Un moment il tendit l’oreille, exaspéré par le sen­timent de cette présence féminine, crut entendre derrière la cloison un gémissement, puis marcha à travers la chambre, exactement semblable à celle de Reine, qui sentait le meuble neuf et le vernis frais. Comme il était dans sa nature de