Page:Balde - Reine d'Arbieux, 1932.pdf/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
REINE D’ARBIEUX

nait un tournant rapide, il vit dodeliner le feutre crasseux qui touchait presque son épaule ; le bonhomme s’était endormi.


X


Septembre avait passé, octobre aussi. La foire de la Saint-Martin, qui rassemble les propriétaires et les métayers, avait rempli pendant trois jours la sous-préfecture d’une foule paysanne, poussant du bétail, et animant de son piétinement la vieille ville délabrée, muette, qui présente au fond de la place le triple portail sculpté de la cathédrale comme un livre ouvert.

Novembre s’achevait sous un ciel gris, détrem­pant de pluie et de brouillard les huttes de branches où sont guettés les vols de palombes. Les jours se raccourcissaient. Reine les passait presque entière­ment à la maison. « Il aurait fallu, disait sa tante, qu’elle prît le dessus. » Elle ne le prenait pas. Cette fausse couche l’avait épuisée : elle maigrissait, elle toussait un peu.

— Voilà maintenant qu’elle s’est enrhumée, disait Germain qui s’irritait de voir ses joues se creuser.

Quelles pensées vidaient de toute lumière ses yeux agrandis ? Certes, il avait prévu sa décep-