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REINE D’ARBIEUX

sions qui avaient, après la visite d’Adrien, enchanté son cœur.

Un mois après, étendue sur une chaise longue en osier devant la maison, Reine jouissait de sa solitude. Elle se sentait lasse. La veille encore, Germain avait exigé qu’elle fît avec lui une longue randonnée à travers les landes. La chaleur était étouffante. Les cahots de la voiture sur la route pavée — où roulèrent autrefois vers l’Espagne les fourgons et l’artillerie de Napoléon — lui avaient fait mal. En vain avait-elle invoqué son état pour se dispenser de cette longue course ! Sourbets s’était refusé à rien entendre : son humeur changeait, devenait plus sombre. Depuis que son antipathie pour Adrien s’était transformée en une jalousie impuissante, il n’avait pas manqué de s’enfermer à la papeterie du matin au soir, avec une assiduité dont le personnel était confondu. Mais la contrainte qu’il s’imposait le rendait furieux ; si une haine sourde ne l’avait pas tenu en éveil, il serait déjà retourné à la chasse (cette compagnie de perdreaux que le facteur avait fait lever dans les maïs, derrière l’église, pour qui serait-elle ?) et aussi au café, aux parties de cartes, délices de ces hommes de la lande qui gardent des goûts de paysans cossus.

Reine revivait cette soirée qui l’avait brisée. Comme elle s’était couchée sans dîner, Germain maugréait entre ses dents : « Qu’est-ce que c’était que ces simagrées ? » Génie avait apporté en