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et disciplinées d’après le nouveau système prussien ; les officiers sont très instruits. Que fait donc Nétchaïeff et Comp. ?

Apprends à lire ma lettre pour Varlin et, si possible, lis-la lui en présence de quelques intimes… Il serait très désirable d’avoir une entrevue avec vous avant votre départ pour Paris. Envoyez-moi de l’argent et je viendrai chez vous après le 13 ou le 15 d’avril.


2. À Aga.


Eh bien ! mon ami, Aga. Veux-tu m’écrire au moins une ligne, toi aussi. Que penses-tu de ce mouvement désespéré des Parisiens ? Quel qu’en puisse être le résultat, il faut avouer cependant qu’ils sont bien braves. Cette force que nous avons vainement cherchée à Lyon et à Marseille, s’est trouvée à Paris ; il y a là une organisation et des hommes déterminés à marcher jusqu’au bout. Il est certain qu’ils seront vaincus. Mais il est certain aussi que désormais, il n’y aura pas d’autre existence pour la France que dans la Révolution sociale. « L’État français » est mort et ne pourra être ressuscité. Là-bas, les révolutionnaires sont plus formidables que les cinq milliards de contribution à payer aux Prussiens et quelle diversité d’éléments ! 1) les paysans, 2) les ouvriers, 3) la petite bourgeoisie, 4) la grande bourgeoisie, 5) les revenants de l’autre monde — les nobles, 6) les éternelles ombres — ces vampires de curés, 7) le monde bureaucratique, 8) le prolétariat de la presse. Entre tous ces éléments il n’existe pas le moindre lien si ce n’est celui de leur haine mutuelle et de leur prétendu patriotisme.

Je suis très content de L. Je retrouve en lui un ancien ami — c’est toujours le même chevalier, le