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mes prévisions, s’il veut se constituer défenseur de leur cause, c’est lui, alors, qui déclarerait ouvertement la guerre ; dans ce cas, je me mettrai aussi en campagne et « j’aurai le beau rôle. »

Tu veux savoir pourquoi j’ai attaqué si cruellement Hesse ? C’est parce qu’il a publié un abominable article dirigé contre moi, mais surtout et essentiellement, parce qu’il a fait la première tentative de porter ses vilaines calomnies contre nous dans la presse française. Maintenant, parlons, un peu de mon œuvre, le livre-brochure. Alexandre Ivanovitch, cher petit père, veuillez accepter d’être le parrain de cet incohérent travail et de le présenter au public quelque peu pommadé.

Dans ma position actuelle c’est une nécessité pour moi que de le rendre à la publicité.

Cependant je ne suis pas artiste, et le talent d’architecte en littérature me fait complètement défaut ; de sorte qu’étant abandonné à mes propres forces, peut-être ne pourrais-je pas en venir à bout de construire l’édifice que j’ai entrepris d’ériger. Ou bien encore procéderais-je à la façon de ce constructeur de la fable qui perça ses fenêtres après avoir élevé les murs.

Le premier chapitre, « Étude sur les Juifs Allemands », très court d’ailleurs, ne présente nullement la substance de la chose, — c’est une sorte de préface, en forme de polémique. Le but spécial de cet ouvrage est d’expliquer mon action pendant les six dernières années, en démontrant le développement de l’idée politico-sociale qui s’en était suivi ; je suis persuadé qu’il y aura beaucoup de bon dans mon livre. Et si je te demande de m’accorder d’en être le parrain, c’est dans le sens de réalisme et non d’idéa-