Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/261

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tre de quatre pages. Herzen rejette toutes les accusations d’Aksakoff contre lui et appelle son accusateur à la pénitence, à son tour. « Ce n’est pas nous qui avons à nous repentir, et, si ce n’est durant notre vie, après notre mort, viendra le jour, où, devant nos tombeaux en invoquant notre ombre, viendront faire pénitence ceux qui en nous, auront lésé l’amour pour la Russie !… »

Quant à sa part dans l’insurrection polonaise, Herzen dit ceci :

« Dès le début, nous étions contre cette insurection, ce que nous avons hautement déclaré aussi bien dans nos articles que dans nos conversations particulières. Après la pacification paternelle du pays révolté, il n’est pas bien facile de trouver des témoins, — vous savez où sont les meilleurs des insurgés, comme Siérakovski, Padlevski… Cependant il y a encore des survivants, au témoignage desquels nous pourrions nous référer. Nous avons supplié les Polonais de tous les partis et de toutes les nuances de ne pas apporter le trouble dans le développement de la Russie et de marcher avec nous. Mais nous n’avons pas eu la puissance de détourner cette insurrection et à peine saurait-on désigner l’homme qui eût pu le faire…

« Savez-vous ce que c’est que de se trouver entre deux adversaires qui vous sont chers et qui vont se battre à mort ? Vous faites votre possible pour les convaincre, vous les suppliez, vous les injuriez, vous leur faites toutes les concessions possibles ; vous pleurez, vous menacez ; enfin, vous voyez avec désolation que vous avez touché à la dernière limite de l’action morale d’un homme sur un autre… que le duel devient inévitable.

« Eh bien, affirmerez-vous, que l’on doit abandonner les deux adversaires à leur propre folie et à la calomnie d’autrui ? Ou mieux encore, — abandonner celui d’entre eux qui est battu ? Enfin, admettriez-vous que l’on se jetât sur ce vaincu, lui criant : « c’est bien fait pour toi… tu ne recommenceras pas une autre fois ! »

« Non, vous ne le conseillerez pas ! »

À propos de ces accusations d’Aksakoff, Bakounine aussi, envoya une lettre à la Cloche qui, évidemment, ne pouvait satisfaire Herzen et que Bakounine avait refaite. Elle a paru dans le numéro 241 de la Cloche, avec les quelques remarques supplémentaires qui suivent (Drag.).