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vos idées, vous restez toujours mes suprêmes conseillers, ma forteresse ; et, lorsque vous êtes contents de moi, je le suis aussi moi-même ; il n’y a rien au monde alors qui puisse me donner d’inquiétudes.

En vous disant dans ma lettre, que vous n’aviez voulu donner à la cause que vos sentiments généreux et vos bons vœux, tandis que moi, je risquais pour elle ma tête, j’avais en vue cette cause spéciale, bien plus polonaise que russe et non pas la grande cause nationale que vous servez. Croyez-moi, mes amis, car c’est là la pure vérité. D’ailleurs, ne recevant pas depuis longtemps de nouvelles de ma femme, j’étais énervé et abattu, tout envahi par la tristesse. Je suis sorti de mon lit et j’ai écrit une bêtise que je vous prie de me pardonner.

De plus, je ne pouvais me faire à cette idée que vous n’aviez pas assez confiance en moi. Et dans cette même lettre que j’avais commencée étant encore à Helsinborg, je m’en suis plaint à vous-mêmes, en termes qui ne vous agréèrent pas ; mais je ne veux pas la refaire. À présent, je vois clairement que vous n’y êtes pour rien, toute la faute en est à Cwierczakiewicz.

Seulement, pourquoi ne m’avez-vous pas informé de l’arrivée de ma femme ? Enfin, Dieu merci, elle est avec moi et je suis heureux. Elle est bien brave, ma femme. Et quant à savoir garder un secret, je te dirai tout bas, mon cher Herzen, qu’elle sait le faire mieux que moi.

Je continue mon récit.

Dès que je fus à bord, j’eus la conviction parfaite que mon unique allié était Demontowicz, votre noble et sincère ami, qui malheureusement, est brisé par la maladie et la douleur. Lapinski est un homme vail-