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moyen de continuer mon voyage qu’en prenant la malle-poste qui partait le lendemain soir pour n’arriver à Helsinborg que le 26, ou encore, d’attendre jusqu’au 25 le bateau qui n’arrive que quelques heures avant la malle-poste, je pris le parti d’attendre le bateau, et, entre temps, je télégraphiai à Helsinborg, en annonçant ma prochaine arrivée. Si je ne l’avais pas fait, je n’aurais pu rejoindre cette expédition. Elle était arrivée à Helsinbourg le 25, au soir, et avait perdu vingt-quatre heures à m’attendre. Enfin, nous fûmes encore retardés par la tempête et la trahison du capitaine. Le lieu du rendez-vous à Helsinborg n’était pas d’un heureux choix. Tout le détroit de Sund fourmille de mouchards russes et étrangers, avec ou sans traitement. Il était donc de toute nécessité de franchir le Sund le plus rapidement possible, sans reprendre haleine. Helsinborg est en vue d’Elsiner qui fut toujours le nid des mouchards, en général, et surtout des mouchards russes. Il eût été préférable de me fixer un rendez-vous, soit à Gottenbourg, où je pouvais me rendre chaque jour, ou, encore, au sud de l’île de Gothland, dans quelque village du littoral, où le délégué de Damontowicz et de Lapinski aurait pu débarquer aisément et près duquel notre bateau aurait tranquillement croisé sans éveiller le moindre soupçon.

Jusqu’à son arrivée à Helsinborg, la conduite du capitaine avait été correcte, d’après le témoignage de passagers et équipage ; il manifestait même une grande sympathie pour le but de l’expédition. Et ce n’est qu’en arrivant à Helsinborg, que tout à coup, changeant de note, il déclara qu’il risquait avec nous un énorme danger, celui de rencontrer quelque croiseur russe ; car, afin d’éviter de nouveaux retards, il ne s’était pas muni des papiers de bord nécessaires