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donc de notre devoir de ne pas nous cacher. Car ce que nous ferions par modestie pourrait être interprété comme une lâcheté, comme la crainte de ne pas nous compromettre. À mon avis, cette lettre au Comité ne doit pas être longue : il faut, en peu de mots, exposer tout notre programme politique. Et alors, dans le même numéro de la Cloche, nous pourrions insérer la Lettre aux officiers russes, qui, de cette manière, servirait de commentaire au premier document.

Je fus frappé hier en te voyant accepter de si bonne grâce les insinuations de la feuille de Mieroslawski, qui dit que la Cloche a des tendances abstraites et destructives, qu’elle n’expose aucun plan pour l’avenir et qu’elle ne recherche pas un but pratique. D’abord, c’est injuste. Depuis longtemps déjà, la Cloche se voue à la défense du principe communal et à celui de l’exercice de l’administration dans tout le pays par les conseils généraux — le self-government des communes et des provinces, basé sur le principe électoral, enfin, de la fédération libre de toutes les provinces de la Russie. Donc, le principe en lui-même et le but qu’elle s’efforce à réaliser sont nettement déterminés et suffisent entièrement pour satisfaire aux plus rigoureuses exigences d’un programme pratique. Dieu veuille que les Polonais fussent à même d’élaborer chez eux un programme qui, par son mérite pratique, pût être comparé au nôtre. Eh bien, s’il en eût été ainsi, si Mieroslawski eût pu avoir raison ? Voyons, Herzen, ce serait donc absolument inavouable ! Je te le répète encore une fois, que notre modestie sera qualifiée de lâcheté si, dès à présent, tu ne te décides à agir plus franchement, dans le sens pratique du mot. Tu ne pourras, il est