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les paysans ; rien de plus naturel : le communisme des uns est aussi naturel que l’individualisme des autres, — il n’y a pas là de quoi se vanter, ni mépriser les autres, — les uns comme les autres étant, avec toutes leurs idées et toutes leurs passions, les produits des milieux différents qui les ont engendrés. Et encore, les ouvriers eux-mêmes sont-ils tous communistes ?

Il ne s’agit donc pas d’en vouloir aux paysans, ni de les dénigrer, il s’agit d’établir une ligne de conduite révolutionnaire qui tourne la difficulté et qui non seulement empêcherait l’individualisme des paysans de les pousser dans le parti de la réaction, mais qui au contraire s’en servirait pour faire triompher la révolution.

Rappelez-vous bien, chers amis, et répétez-vous-le cent fois, mille fois dans la journée, que de l’établissement de cette ligne de conduite dépend ABSOLUMENT l’issue : le triomphe ou la défaite de la révolution.

Vous conviendrez avec moi qu’il n’est plus temps de convertir les paysans par la propagande théorique. Resterait donc, |49 en dehors du moyen que je propose, qu’un (sic) seul moyen : celui du terrorisme des villes exercé contre les campagnes. C’est le moyen par excellence, choyé par tous nos amis, les ouvriers des grandes cités de France, qui ne s’aperçoivent et ne se doutent même pas qu’ils ont emprunté cet instrument de révolution, j’allais dire de réaction, dans l’arsenal du jacobinisme révolutionnaire, et que s’ils ont le malheur de se servir de cet instrument ils se tueront eux-mêmes, plus que cela ils tueront la révolution elle-même. Car quelle en sera la conséquence inévitable, fatale ? C’est que toutes les populations des campagnes, 10 millions de paysans, se jetteront de l’autre côté et renforceront de leurs masses formidables et invincibles le camp de la réaction.