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le soulèvement populaire, c’est la révolution sociale, c’est la chute de la France privilégiée. La crainte de cette révolution les a jetés, il y a vingt ans, sous la dictature de Napoléon III ; elle les jettera aujourd’hui sous le sabre de Bismarck et sous la verge constitutionnelle et parlementaire des Orléans. La liberté populaire leur cause une peur si affreuse, que pour l’éviter ils accepteront facilement toutes les hontes, consentiront à toutes les lâchetés, — dussent même ces lâchetés les ruiner plus tard, pourvu qu’elles les servent maintenant.

Oui, toute la France officielle, toute la France bourgeoise et privilégiée conspire pour les Orléans, conspire par conséquent contre le peuple. Et les puissances européennes voient la chose de bon œil. Pourquoi ? Parce que chacun sait bien que si la France essaie de se sauver par un formidable soulèvement populaire, ce serait le signal du déchaînement de la révolution dans toute l’Europe.

Pourquoi donc la restauration des Orléans n’est-elle pas encore un fait accompli ? Parce que la dictature collective et évidemment réactionnaire de Paris se trouve en ce moment forcément impuissante. Napoléon III et l’empire sont déjà tombés, mais toute la machine impériale continue à fonctionner ; et ils n’osent rien y changer, parce que changer tout cela, c’est proclamer la révolution, et proclamer la révolution c’est justement provoquer ce qu’ils veulent éviter.