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pauvres carrément très très pauvres en supprimant les allocations familiales des familles de mineurs délinquants. Intelligent !

Qu’inventer d’autre contre la délinquance des jeunes ? On n’en sait rien. Mais on sait comment l’accroître, rendre les jeunes bien plus violents, aller vers leur pire. On rouvre donc les maisons de correction.

Existaient déjà sous le gouvernement Jospin les centre éducatifs renforcés[1] destinés à la fois aux jeunes délinquants et aux mineurs non délinquants « en situation de grande marginalisation ». Mais on a décidé d’aggraver la répression des adolescents pour leur inculquer de force « les vraies valeurs ».

Créés en 1999, les centres de placement immédiat prennent en charge les mineurs pour lesquels un accueil d’urgence est prescrit par les magistrats. À peine ouverts, les CPI ont été l’objet de critiques sévères : ils reçoivent en réalité ceux dont personne ne veut. Ce sont des structures qui n’ont pas été pensées une seconde par les politiciens sécuritaires qui les ont mises en place et qui dépassent en violence tout ce à quoi on pouvait s’attendre. Aucun personnel ne veut y rester.

Aujourd’hui on tient à faire plus bête encore. Lors de sa campagne électorale, Lionel Jospin, axant son programme sur la lutte contre l’insécurité, déclarait avoir en ce domaine « péché par naïveté » alors que de 1993 à 1999 on avait augmenté de 81 % (!) le nombre de mineurs incarcérés. Il affirmait le 3 mars : « Nous envisageons des structures fermées pour les jeunes qui ont des problèmes de violence. » Le Monde du 23 mars n’hésitait pas alors à rappeler que cette proposition émanait tout droit des syndicats de police.[2]

  1. En 1996, Jacques Toubon, alors garde des Sceaux, crée les unités à encadrement éducatif renforcé qui seront rebaptisées centres éducatifs renforcés par Élisabeth Guigou.
  2. La gauche mena tout le reste de sa campagne matraque à la main. Seuls les Verts et la LCR se sont opposés à la création des nouvelles maisons de correction.