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À cause du métissage culturel qu’impose la vie des cités de banlieue, on assiste évidemment à des guerres de clans, ce qu’on appelle pieusement « recherches d’une identité communautaire ». Nulle part on ne leur a dit qu’ils pouvaient être des individus libres, se délivrer des « appartenances ».

En mai 2002, la gauche plus encore que la droite a voté pour une droite dure. Mais si le 1er mai 2002, les « forces progressistes » ont manifesté contre un danger virtuel, elles se taisent avec une veulerie inqualifiable quand est menée sans état d’âme une répression d’extrême-droite qui va jusqu’à incarcérer des enfants au lieu de lutter contre les causes de la délinquance.

La principale innovation du ministère Perben, c’est l’abaissement de l’âge de la majorité pénale qui passe de 13 à 10 ans (10 ans !) et l’ouverture pour les 13-18 ans de huit prisons, soit 400 places qui s’ajoutent aux 850 qui existent déjà dans les quartiers pour mineurs des établissements ordinaires. Pour ce qui est du mode de vie, la seule différence avec celui des adultes, c’est que toute la journée les activités seront obligatoires. Les enfants et adolescents sont censés avoir plus d’éducateurs[1]… La chancellerie dit vouloir garder les quartiers pour mineurs dans les prisons communes pour ceux faisant preuve d’une « très grande dangerosité », en clair pour les fugueurs, en particulier pour ceux qui tenteront de se faire la belle dans les centres fermés.

« […] Il avait dit J’en ai assez de la maison de redressement
Et les gardiens à coups de clefs lui avaient brisé les dents
[…]
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan ! »

C’était en 1934, de jeunes détenus avaient tenté de s’évader de la colonie pénitentiaire de Belle-Île.

« […]
Et tous galopent après lui

  1. La loi de finances de 2002 prévoyait la création de 328 postes d’éducateurs et de travailleurs sociaux en milieu pénitentiaire. Dans le même temps on annonçait quatre fois plus de créations de postes de surveillants.