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engagé par tous pour économiquement survivre, qu’il n’y ait pas plus de cinglés prêts à mitrailler la foule.

Sachant qu’il y a eu, en 2001, 8 000 morts sur les routes et 26 000 blessés dont 3 500 resteront infirmes ou aveugles ou gravement défigurés, ne devrait-on pas interdire les voitures ? Nous avons incomparablement plus de chances de voir nos proches tués sur les routes qu’assassinés.

Les meurtres, rixes, vols sont des accidents. Nous devons tout tenter pour les éviter, mais nous pouvons vivre avec le risque. Nous le faisons chaque fois que nous traversons une rue ou montons dans une voiture. La prudence, la vigilance, l’intelligence sont nos seuls atouts.

Imaginons un instant qu’on nous annonce officiellement qu’à partir du 1er janvier le vol à l’arraché ne sera plus puni par la loi. Que se passera-t-il ? À partir du 1er janvier, il n’y aura plus de vols à l’arraché pour la bonne raison que chacun aura pris ses dispositions pour avoir sur soi son portefeuille autrement que dans un sac à main. Il y aura toujours des voleurs. Il s’agit d’être plus malins qu’eux. Et sans attendre que passent et trépassent les lois.

Le sentiment d’insécurité, c’est le plus souvent la peur de l’inconnu, un pas la nuit dans la rue, un bruit insolite au grenier, une ombre dans le parking. Ce sentiment peut revêtir l’allure d’une intuition, la certitude comme palpable d’un danger. Et rien ne se passe… Ou quelque chose se passe, sans rapport avec ce que nous redoutions. Ou bien encore, bien rarement (si rarement !), le danger est réel. Mais pas plus sûrement que si nous n’avions rien « pressenti » du tout. Il n’y a pas de rapport entre le sentiment d’insécurité de notre temps et les périls qui nous guettent. Mais sans doute y en a-t-il un avec le fait que la France soit l’un des pays où l’on prend le plus d’anti-dépresseurs.

Il est, paraît-il, fréquent que les gens se sentent en profond danger, en état de stress sur leur lieu de travail. Ils ne craignent pas tant les agressions physiques que toutes les autres, mais,