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Décriminaliser ou arrêter de criminaliser permettrait aussi, peut-être, de réfléchir à ce qu’est une loi, le caprice de quelques-uns, la superstition d’autres.

Peut-on concevoir qu’un assassinat puisse ne pas être un crime ?

Nous n’avons pas besoin de loi pour savoir qu’un meurtre est une inadmissible catastrophe. Encore une fois, les animaux d’une même espèce ne se tuent pas entre eux. L’éthique de chaque homme (et non pas la morale de tous !) le pousse à vivre en bonne intelligence avec ceux qui l’entourent. Et il y a intérêt. Hors les guerres ouvertes ou larvées, le fait de tuer son prochain reste rare.

« Mais il y a des meurtres ! » Oui, il y a des meurtres et depuis des milliers d’années les lois interdisent le meurtre. Elles ne servent à rien puisque ceux qui tuent, violent, violentent et pillent autrui n’ont justement rien à faire des lois.

Je ne voudrais pas laisser entendre que tous les abolitionnistes partagent ce point de vue. Il est vrai que beaucoup d’entre eux enseignant le droit pénal et la criminologie ne se laissent pas impressionner par les lois, ils savent trop bien comment elles sont faites, comment elles se contournent. Mais ceux parmi eux qui veulent bien des lois estiment, nous l’avons évoqué, qu’un code civil peut parfaitement suffire et qu’on a intérêt à faire l’économie, comme dit Louk Hulsman, de « ce concept ambigu, impondérable, insaisissable, métaphysique, scolastique de culpabilité ».

Le crime (meurtre, viol ou toute atteinte violente à l’intégrité d’une personne) est, nous le répétons, une catastrophe. Il faut s’en protéger, seul ou avec d’autres, comme des inondations, des incendies, des maladies et des infirmités qui nous menacent. C’est à chacun de se préserver. Il est toujours inconsidéré de trop compter sur « les pouvoirs publics ». Les endroits où il fait bon vivre sont aussi ceux où l’on garde sa porte ouverte. Signes d’apaisement, signe de paix. Estimons-nous heureux, dans la violence qu’on fait aux plus faibles, dans la brutalité du combat