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ne sont a priori ni plus sages ni plus vertueux que dans un pays balte par exemple.[1]

Les études qui ont été faites montrent d’abord que ce sont moins des réformes (comme le recours aux peines de substitution ou l’obtention plus facile d’une libération conditionnelle) que la réceptivité des juges et des membres de l’administration pénitentiaire qui ont permis cette humanisation d’un pays tout entier. Pourquoi ? Parce que la Finlande a voulu se démarquer de la politique pénale de l’Union soviétique d’abord puis de la Russie (à Saint-Pétersbourg, dans la prison Kresty, on entasse aujourd’hui de 10 à 14 détenus dans une cellule de huit mètres carrés).

L’influence soviétique a pesé très lourd sur la Finlande. Les juges et pénalistes avaient d’un côté ce modèle, de l’autre celui des pays scandinaves voisins. De 1970 à 2000, ils ont multiplié les études et recherches sur le coût de la prison, ses résultats et le poids néfaste du châtiment sur la culture et le bien-être d’un pays. Ils ont choisi d’éviter l’incarcération dans toute la mesure du possible.

Pour y parvenir, ils ont principalement agi dans deux directions : une information constante des hommes politiques, une attention particulière aux médias en contestant systématiquement les informations fausses ou controuvées et en faisant savoir, lors de faits divers sanglants, à quel point de telles affaires étaient rares.


L’idée d’abolition pure et simple fait son chemin malgré la période sinistre que nous traversons et parfois à cause d’elle.

Les moins radicaux des abolitionnistes — une petite minorité — estiment qu’on peut faire de la résistance passive en encourageant tout ce qui peut amener les juges à laisser les prisons tomber en désuétude : on viserait à restreindre au maximum les incarcérations jusqu’à leur fermeture. Laquelle serait inéluctable vu sa

  1. Pour 100 000 habitants, 320 détenus en Estonie, 410 en Lettonie, 355 en Lituanie.