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C’est ainsi. La rétribution, étrangement, sert et ne sert qu’à assurer la transcendance de la Loi. À travers ses versions profanes, on en reste à cette idée qu’on ne punit ou récompense que pour montrer qu’au-dessus des basses réalités de ce monde existe un ordre immuable des choses qui permet de classer le bien et le mal.

On naît dans un monde injuste : celui-là est beau, l’autre difforme, celui-là a de quoi manger, on lui lit des histoires, on le change quand il s’est sali, on lui sourit, l’autre crie au milieu d’autres cris, celui-là a un regard vif et celui-ci vient au jour avec une intelligence comme gélatineuse à la suite d’on ne sait quelle malformation et, toute sa vie durant, chacun verra s’accroître les différences. Hasard et organisation sociale des misères vont être tricotés pour un destin.

Bien ? Mal ? Juste ? Injuste ? Soit Dieu le veut ainsi (dans la religion chrétienne, Dieu veut la liberté de l’homme et souffre beaucoup, le pauvre, de toute cette souffrance, mais c’est à l’homme d’empêcher les lions de déchirer les gazelles), soit Dieu n’existe pas et c’est l’homme qui décide de ce qui est bien ou mal en fonction des civilisations où il évolue. À quoi sert la rétribution ? À affirmer, au mépris de tout bon sens, que dans cette vie le méchant est puni et que l’homme bon figure au tableau d’honneur.


Pourquoi faut-il punir ?

Pourquoi faudrait-il forcément punir ?

Il est indéniable qu’on ne punit qu’un inférieur, c’est-à-dire celui que l’on veut placer en situation d’infériorité : l’enfant, le subalterne, l’esclave ou l’animal. Un accusé est toujours traité en inférieur. La présomption d’innocence n’y changerait rien si elle était un jour respectée si peu que ce soit.

Souvent, quand on assiste à un procès, on a honte pour les juges et jurés, procureur, avocats de l’image qu’ils donnent. Il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie ce jeu de massacre, avoir entendu ces piètres traits d’esprit. Les vedettes, les ténors, les