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les couloirs et à la porte de l’établissement la photo, le nom et le motif des punitions frappant chaque élève. C’est un bel exemple et ces éducateurs auront tout lieu de se féliciter d’avoir appris quelque chose à leurs élèves, la dureté ou, mieux, l’indifférence à l’égard de ceux qu’on châtie.

Les peines fondées sur la honte du coupable risquent de plaire beaucoup d’ici peu. D’abord parce qu’elles sont blessantes, c’est-à-dire qu’elles reposent sur l’idée que c’est à chacun d’avoir un regard qui blesse le coupable ; le premier venu est appelé personnellement à se désolidariser en public du puni, ayant ainsi l’occasion de montrer à tous sa vertu.

Ces peines plairont aussi parce qu’elles sont stupides, les plus capables de générer la haine de la part de ceux qui en seront victimes : ce ne sera plus seulement l’institution qui sera taxée de violence mais « l’homme de la rue », et ce à juste titre.

Une association américaine fonctionnant comme un observatoire des prisons a fait circuler en 2002 des photos de prisonniers nus, menottés, les pieds entravés, une chaîne autour de la taille reliant par une autre chaîne les menottes aux entraves ; à chaque sortie de cellule, soit six fois par jour, tous les prisonniers, même condamnés à de très courtes peines, doivent se déshabiller intégralement, s’enchaîner eux-mêmes (la « black box » est dans leur cellule et s’ouvre à distance par commande électronique) et marcher les jambes écartées à cause des entraves sur cent mètres avant de passer sous un portique de détection ; là, les vêtements déposés sur un chariot à la sortie de cellule leur sont alors rendus.

Ce n’est qu’un exemple parmi cent autres de l’humiliation utilisée comme punition dans le Nouveau Monde. Nous avons évoqué plus haut les panneaux portant la raison de pareille sanction que certains sont condamnés à promener en ville. De vieux juristes nous jurent que ces pratiques « ne prendront pas » en France simplement parce qu’elles « ne sont pas dans la mentalité européenne ».

    condamné dans sa capacité juridique, par exemple quand il est déchu de ses droits paternels, de son droit de vote, etc.