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PARCE QUE JE T’AIME
ET QU’ON N’A RIEN À PERDRE


Nous sommes de futurs morts. Mais cette échéance ne nous condamne pas au seul présent. Nous avons aussi un avenir. Je ne fais pas comme si tu étais limitée à ce qui est. Je jubile au contraire de reconnaître en chacun de nous l’immensité de ce qui s’offre à toute éventualité.

Qu’est-ce qu’on a à perdre ? Ça ne tourne pas rond, à peu près tout le monde en est bien persuadé… et puis s’en fout. L’idée de « progrès », telle qu’elle est devenue à la Renaissance le vecteur de l’histoire, est fixiste. On croit être dans le mouvement (la modernité), on est des toupies sans communication possible les unes avec les autres. Ce qu’on appelle, dans les médias, « communication » n’est que le système de connexions dans le circuit.

Si c’était intéressant… Mais ce n’est pas du tout intéressant.

Alors moi je fais autre chose. Ce n’est pas difficile. « Oui, mais tu vas crever de faim ! » D’abord, ce n’est pas sûr. Ensuite, d’adhérer au système ne me garantit aucunement le vivre et le couvert. Enfin, pour ma part, je préfère mourir de faim que mourir de peur d’avoir faim. La peur fait plus mal au ventre et je suis assez douillette.

En tout cas, je ne veux pas vivre idiote et j’ai désiré que tu viennes dans un monde possible. Aurais-je seulement pensé à toi si j’avais cru que ce monde n’était que ce qu’il est, c’est-à-dire invivable ?

J’ignore si je peux le transformer (j’y réfléchirai…), mais je sais que je peux faire évoluer ma pensée. Et ma pensée, c’est ma façon d’être, de