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gens, sous couvert de défendre la pédophilie, font semblant d’ignorer que, neuf fois sur dix, pédophilie et pédérastie se confondent. Et je n’aurais pas eu la veulerie de passer sous silence la misogynie de la plupart des pédérastes. Les femmes à l’ordinaire se taisent là-dessus, s’inclinant devant l’adage hideux : « Charbonnier est maître chez soi » ; l’homosexualité masculine, ce n’est pas leur truc.

De quoi je me mêle ? On n’a jamais pu me faire accroire que la machinerie sociale fonctionnait sur des systèmes autonomes. Tout se tient et si j’ai le pessimisme de constater que toutes les pièces du système voient leur force décuplée par la solidarité des autres, j’ai aussi l’optimisme bien fondé de savoir combien en m’attaquant à n’importe quel rouage je les attaque tous. Je défendrai avec ardeur — je l’ai fait — telle passion entre tel adulte et tel petit garçon, mais je ne peux pas cautionner l’amour en général des messieurs pour les garçons pas plus que celui des femmes ou celui des hétérosexuels. Il n’y a pas d’amour en général. Il n’y a pas de « principes » à défendre. Toute histoire amoureuse est singulière.

Ce qui ne m’empêche pas de prendre parfois fait et cause dans telle situation où il s’agit de débusquer les principes des autres et j’ai dit de ma voix la plus claire ce que je pensais des ordures qui ont dégoisé sur l’affaire du Coral. Il est notoire que là, on a tout confondu avec un acharnement purulent.

N’importe qui ayant mis un jour les pieds dans un « lieu de vie » sait que réellement y circule la vie, le désir, l’amour. Dans Visiblement, je vous aime[1], Claude Sigala s’explique relativement bien sur cette tendresse sans laquelle les lieux de vie ne seraient que des unités d’une psychiatrie de secteur.

Je ne mets pas en doute, moi, que Claude Sigala et ses amis aient voulu réellement éviter à des enfants psychotiques l’horreur sans nom des institutions auxquelles on les condamnait. Pourquoi ? Parce qu’ils ont été bouleversés par des êtres bouleversants. L’amour circule au Coral, pas l’amour béni des éducateurs pour « ces pauvres créatures qui ont bien besoin d’affection », mais l’amour.

Caresses ? Sexualité ? N’est-ce pas la moindre des choses ? Et Sigala a parfaitement raison de dire que l’habituelle « réserve » des spécialistes d’enfants est un viol. S’il fallait protéger les enfants, ce n’est pas contre l’amour mais contre le manque d’amour qu’il faudrait s’élever. Le non-désir, le refus de tendresse font sur cette planète autant de mal que le viol. Et pourtant, c’est vrai que le viol est une torture inqualifiable.

  1. Visiblement, je vous aime, Claude Sigala, Le Coral, 1980.