Page:Baker - Insoumission à l'école obligatoire, 2006.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.

il aura recours aux lectures hâtives et à n’importe quelle cochonnerie qui sera son « reader’s digest ». Pour avoir la paix, il suffit pour lui de répéter ce qu’un autre a pu dire. Il saura s’en contenter à l’avenir.

Carl R. Rogers était professeur ; il démissionna de son poste, « constatant que les résultats de l’enseignement sont ou insignifiants ou nuisibles », car les connaissances qu’on assimile réellement ne peuvent pas être communiquées à d’autres. Soeren Kierkegaard était parvenu à la même conclusion. Je trouve assez marrant de citer Carl R. Rogers dont on se sert tant dans les milieux en mal de convivialité qui voudraient des écoles à visage humain. Professeurs, une seule solution : la démission.

On ne peut accepter que ce qu’on a vérifié soi-même (cette « vérification » n’a rien à voir avec les poids et mesures, et la reconnaissance de quelque chose qu’on croit vrai peut passer à travers ce que j’appelle la « confiance »). Je ne peux nier le fait que le savoir se transmette dans l’histoire des hommes. Ce que je rejette, c’est la confusion entre cette transmission et l’idée d’éducation qui reste une mainmise sur l’enfant. Même dans certains de ces lieux anti-scolaires que toi et moi avons visités, ce souci pédagogique planait sur l’apparent refus des apprentissages (il s’agissait de « mieux apprendre » qu’à l’école). Dans d’autres, il est vrai, il était clair qu’on apprenait ensemble du seul fait de la cohabitation ; comment pourrait-on vivre à plusieurs sans s’enseigner mutuellement, tous âges mêlés ? N’apprend-on pas sans cesse dès qu’on se trouve près d’enfants, ne serait-ce que parce que leur curiosité est illimitée ? Vivre avec des adultes qui en ont gardé quelque chose n’est pas désagréable non plus. Ah bien sûr, cela suppose qu’on puisse se parler et s’écouter. Ce n’est pas partout possible. Je sais qu’il existe des adultes qui se taisent toujours quand surviennent des mômes. Si j’avais dû vivre cela en mon enfance, assurément j’en serais devenue folle. Quel cauchemar que ce silence ou ce « parlons d’autre chose » ! Les « conversations d’adultes » ne sont toujours que moches. Parmi mes amies(is) je n’en connais aucune(n) qui se permettrait de cacher quelque chose à un enfant sous le seul prétexte qu’il est un enfant. La pusillanimité de certains n’est qu’un manque de générosité comme, trop souvent, tout ce qu’on appelle à tort politesse et qui ne demeure qu’une façon de rester sur son quant-à-soi.

Comment établir des rapports d’intelligence avec le monde quand les rapports avec les gens sont falsifiés ?

Il est un fait que, dans notre entourage, si le plus grand nombre continue à s’affoler à l’idée que tu puisses n’obtenir jamais aucun