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des consignes et des directives, enseigner, informer. Il se contente d’aider le groupe à fonctionner lui-même, à trouver son unité, à créer son réseau de communications […]. C’est ainsi que nous avons été amenés à concevoir l’“autogestion” de la classe ou du groupe scolaire en général[1]. »

« Ah ! qu’en termes galants ces choses-là sont mises ! »

Le même Lobrot parle de « non-directivité ». Je rêve !  ?

Nous serons manipulés de la même manière par des psys en politique.

Demain, nous autogérerons l’angoisse et la misère. Des « moniteurs » discrets nous aideront à « prendre conscience » de notre besoin de vivre en troupeau, nous permettront de créer nous-mêmes les conditions de ce qu’ILS appellent notre liberté.

Répugnant, n’est-ce pas ?

Et tu connais comme moi des « gens de bonne volonté », attachés à la pédagogie institutionnelle. Mais enfin n’ont-ils donc rien en toile de fond dans leur petite cervelle ? Rien qui leur permette de critiquer un système ?


Suffit-il d’opposer la modernité à l’archaïsme pour se donner l’illusion du progrès ? C’est l’idée d’éducation qui est une vieille lune. Un cours préparatoire en 1982 au Pré-Saint-Gervais, l’une des portes de Paris (ce n’est quand même pas le fin fond de la campagne profonde) : le maître du C.P., blouse grise, fait copier cent lignes de punition à ceux qui « ne suivent pas bien », les envoie « au piquet bras en l’air ». La directrice ne comprend pas que la mère de Noé ose se plaindre de M. X, « un maître dont la plupart des élèves savent lire à Noël ». D’accord, M. X fait un peu démodé. Mais ailleurs a-t-on supprimé les colles, les avertissements, les blâmes, les devoirs supplémentaires, les conseils de discipline, les exclusions momentanées, les définitives ? Et Gisèle Bienne[2], dans son très beau livre, note qu’à ces punitions il convient d’ajouter les insultes, les menaces constantes, le silence imposé, la confiscation d’effets personnels, les fouilles, les chantages à tous les niveaux.

On peut opérer plus en souplesse. Éléonore qui a neuf ans nous racontait : « Ma maîtresse, elle est vraiment incroyable ! Tous les jeudis, elle nous demande ce qu’on a fait le mercredi. Et, depuis le début de l’année, chaque fois que quelqu’un dit qu’il a regardé la télé, elle lève les yeux au ciel. Alors maintenant, on n’ose plus dire qu’on a regardé la télé mais si on n’invente

  1. La Pédagogie institutionnelle, op. cit.
  2. Je ne veux plus aller à l’école, Gisèle Bienne, Éd. des femmes, 1980.