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Un père, propriétaire d’un « immeuble », voudrait bien marier sa fille. Il a invité à dîner un zéne homme qui pourrait lui faire un gendre. Il donne à son domestique, Ramsamy Courtin, en l’envoyant au bazar, vingt-cinq sous et le menu pour le festin du soir. Cependant le zéne homme arrive. Le père, pour avancer les choses, veut faire chanter sa fille ; la zéne vierge s’y refuse. Changement de tactique du propriétaire : c’est par l’ostentation de son luxe qu’il séduira son hôte ébloui. Et il énumère, avec une légitime fierté, les richesses de sa maison, les commodités de son mobilier, dont pas une pièce secrète, pas un vase intime n’échappe à son inventaire. Entre temps, on se met à table, et l’amphytrion, au dénouement de la pièce, commande à Ramsamy Courtin de lui ôter vite sa cravate : on verra pourquoi.

C’est nécessairement dans la revue du mobilier que la fantaisie créole se donne carrière ; là, notre imagination folâtre se sent la bride sur le cou : Guette dans mo lormoire serviettes pour souye lipieds ! Guette dans fond jardin cacouse en bas banoir ! C’est interminable, et spirituel Zisqu’à napas bon.

Il nous suffit maintenant de donner le cadre du tableau ; le lecteur est libre de brosser sur la toile ce que bon lui semblera.