Page:Baissac - Le Folk-lore de l’Île-Maurice, 1888.djvu/464

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne sortira certes aucune épopée. Puis nous donnerons quelques-unes des berceuses que les nénènes disent à nos bébés, quelques refrains d’enfants qui jouent, et encore quelques ségas. Nous terminerons enfin en faisant voir comment la romance venue de là-bas finit par supplanter la chanson indigène, au fur et à mesure qu’un commerce plus étroit avec la langue française ouvrait à nos chanteurs l’accès d’un répertoire plus élevé. Nous verrons de quelle force à leur tour ils s’essayèrent eux-mêmes à notre poésie, et comment enfin, aujourd’hui, tous ici savent manier la langue de Chateaubriand et de Paul de Kock, et la trouver docile à tous les besoins de la vie.

ERÔS, AMOR, CUPIDO.

Dimance bô matin, zéne fille, nous va alle bazar ;
Ous a méte ous ptit robe, zéne fille, avec ous souliers ;
Mo a méte mo caneçon, zéne fille, avec mo çapeau ;
Ous a passe par la porte, zéne fille, mo pass par la fenéte ;
Nous va alle dans cariole, zéne fille, ou bien dans caléce ;
Batate av magnoc, zéne fille, nous va alle manzé.


Chaque vers est bissé ; le tentateur ne glisse pas, il appuie.

Mo passe au bazar, mo zéneau tombé ;
Milien ramassé,