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ver une mémoire plus heureuse que les autres. Enfin arrivaient les inventions récentes, les trouvailles du jour : Mo batte li, li bâ moi, mo bâ li, li batte moi[1]. On cherchait ; mais, comme de juste, on ne trouvait jamais, et Lindor triomphant et sarcastique disait le mot du Sampèque : Mô femme. Certes, elle ne datait pas de loin la mésaventure qui dictait ceci : Ça qui ti voir li, napas li qui ti prend li ; ça qui ti prend li, napas li qui ti manze li ; ça qui ti manze li, napas li qui ti gagne bâté ; ça qui ti gagne bâté, napas li ti crié ; ça qui ti crié, napas li qui ti ploré[2].

Quelquefois la sirandane prenait la forme de l’interrogation directe : Quifére préte napas capave marié[3]? À ce difficile problème chacun proposait sa solution plus ou moins aventureuse, plus ou moins libertine ; mais l’oracle les repoussait toutes, et donnait du haut de son trépied la seule réponse probante : Acause li ensembe so madame té va paréye, zautes dé té va gagne robe[4].

  1. Je bats, on m’embrasse ; j’embrasse, on me bat.
  2. Celui qui l’a vu n’est pas celui qui l’a pris, celui qui l’a pris n’est pas celui qui l’a mangé, celui qui l’a mangé n’est pas celui qui a été battu, celui qui a été battu n’est pas celui qui a crié, celui qui a crié n’est pas celui qui a pleuré. En effet, ce sont les yeux qui ont vu, la main qui a pris, la bouche qui a mangé, le dos qui a été battu, le lecteur achèvera facilement.
  3. Pourquoi un prêtre ne peut-il pas se marier ?
  4. Parce que sa femme et lui seraient pareils ; tous deux auraient une robe.