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raconte au bonhomme Gâteau sa rencontre avec le lion et le perroquet.

Le bonhomme s’élance dans son bureau, saisit une plume, de l’encre, du papier, et écrit :

« Ah ! mon enfant ! ma chère enfant ! quelle douleur est la mienne ! Si Dieu exauçait ma prière, il me permettrait de t’embrasser encore une fois avant de mourir ; c’est ce que je lui demande jour et nuit ! C’est Peur-de-Rien qui te remettra cette lettre. Fais tout ce qu’il te dira : excepté ton vieux père, il n’y a personne qui t’aime comme lui. »

Le roi met sa signature au bas de la lettre, la donne à Peur-de-Rien et lui dit :

— Ne tarde pas à revenir me porter de ses nouvelles ! Tu sais que je vais mourir si ce chagrin doit durer !

Pauvre bonhomme ! laissons-le !

Peur-de-Rien monte sur la montagne. Voilà qu’il voit venir le nuage. Le vent le pousse comme un grand vaisseau blanc ; attendons qu’il approche encore un peu. Soudain, Peur-de-Rien prend dans sa main sa plume de perroquet et lui dit : « Eh toi, plume ! fais ton ouvrage. » Que croyez-vous ? Son corps à l’instant se ramasse ; ses bras se changent en ailes, son nez devient un bec, ses habits des plumes ; ce n’est plus un homme, mais un grand perroquet gris. Le nuage était proche ; il prend son vol et monte tout droit.