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a, j’en suis sûr, ordonné à son domestique de mettre au bord du bassin, afin que j’aie de quoi m’asseoir quand il me faudra tirer ma culotte pour me baigner dans son eau.

Le lièvre rit et s’assied sur la roche. Voilà la roche qui remue un peu. Le lièvre, la sentant bouger :

— Ah ! dit-il, voilà bien comme les domestiques travaillent à Maurice ! ils ont oublié de caler mon fauteuil.

Et il veut descendre pour mettre une cale à son petit banc : impossible ! il est collé par le goudron. La tortue sort la tête de son écaille :

— Qu’en penses-tu, compère ? Pour moi, je pense que cette fois-ci tu es bien pris.

Le lièvre a le nez cassé. Mais il faut bien essayer de sauver sa vie :

— Hé toi, commère ! hé toi, dit-il, tu veux rire, n’est-ce pas ? J’entends la plaisanterie, tu le vois, et je te parle avec douceur. Lâche-moi, te dis-je, lâche-moi ; ne me mets pas en colère.

La tortue s’était mise en marche pour le porter chez le roi. Elle se contente de lui dire :

— À ton aise ! parle, si ça doit te soulager.

— Une fois ! deux fois ! tu ne veux pas me lâcher ?

Bâm ! le lièvre lui donne un coup d’une de