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c’était le petit chien qui était maître à la place du roi, lui qui commandait aux domestiques, lui seul qui savait ce que le roi voulait que l’on fît jusqu’à son retour.

Le chien fit soigner Pauline. On la mit dans une belle chambre ; on lui donna un bon lit avec des matelas, des oreillers et tout ce qu’il fallait. On tordit le cou à une mère poule pour lui faire de bon bouillon ; on lui donna de bon vin rouge, on veilla à ce qu’aucun bruit ne l’empêchât de bien reposer, de bien dormir ; bref, on fit tout ce qu’il fallait pour sa prompte guérison.

Avant quinze jours, Pauline était guérie. Mais, pauvre jeune fille, où étaient ses mains ?

Voilà le roi de retour, la guerre avait assez duré. Quand le petit chien l’eut bien caressé, il le conduisit à la chambre de Pauline.

Pauline était tout à fait jolie, savez-vous. Le roi la regarde, la regarde : ça y est ! le voilà pris. Il dit à son chien : « Oui, lieutenant, oui, tu as bien fait ! » Lieutenant — c’était le nom du chien — jappe et remue la queue pour montrer sa joie.

Le roi venait tous les jours causer longtemps avec Pauline. Il eût été bien heureux de lui demander sa main ; mais quelle main pouvait-il lui demander ? On lui avait coupé les deux poignets, elle n’avait plus de mains ; force fut au roi de s’en passer.