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connaissons pas, une femme qui peut être viendrait troubler la paix de notre petit chez nous ? Non, non, laisse notre pot au feu mijoter doucement sur notre foyer paisible !

— Ne parle pas ainsi, mon frère ; n’écoute pas les mauvaises langues qui prétendent qu’une femme bonne est difficile à trouver. Vois-moi et juge d’après moi. Marie-toi, te dis-je. J’aimerai ta femme comme je t’aime, et quand tu auras à sortir tu ne me laisseras plus maintenant toute seule à la maison ; nous serons deux à t’attendre. Il n’est pas bon qu’une jeune fille comme moi n’ait pas une femme qui demeure avec elle. Marie-toi, mon frère.

Que pouvait faire Paulin ? Il prend une femme, il se marie. Aïa !

Cette femme-là se nommait Lida, et Lida était une peste. Elle était jalouse de Pauline : « Pourquoi l’aime-t-il ? Est-ce elle qui est sa femme ou bien moi, elle qui sera la mère de son enfant ou bien moi ? Sa sœur, sa sœur ! la belle affaire ! Moi aussi j’ai une sœur, eh bien ! après ?

Un soir, en rentrant à la maison, Paulin, au lieu d’embrasser d’abord Lida, commença par embrasser Pauline. Comment peindre la colère de Lida ! mais elle ne voulut rien dire de peur d’éclater. On soupa, puis on alla se coucher.