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marmites sont toujours sur le feu. Elle sent une mauvaise odeur : « Mais cette carangue-là n’était pas gâtée ! » Elle retire une marmite, la découvre : « Ah bon Dieu seigneur ! ma marmite s’est changée en pot de chambre ! »

Ils sont furieux et cherchent le singe pour le tuer. Sur le tamarinier, le singe rit de bon cœur. Le garçon l’entend rire, lève les yeux et lui crie de descendre. Le singe rit plus fort : « Il vaut mieux que ce soit vous qui montiez, nous jouerons à cache-cache dans les branches. »

Mais la bonne femme aussi a de la malice. Elle fait bouillir une grande marmite de brai, prend un pinceau et enduit de brai tout le tronc du tamarinier du haut en bas. Puis, ils allument un grand feu au pied de l’arbre ; quand le feu flambe, ils y jettent du bois vert et de la paille mouillée.

Voilà le singe là-haut qui ne peut plus résister à cette chaleur et à cette fumée qui lui brûle les yeux. Il se laisse glisser d’un coup pour descendre, il arrive au brai : ses mains, ses pieds, son ventre restent collés à l’arbre. La bonne femme saisit son pilon à piler le riz, elle ne lui en donne qu’un seul coup, boun ! elle lui casse les reins.

Ils le décollent, ils l’écorchent, ils en font une bonne daube.