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L’oiseau plonge en volant jusqu’au fond du précipice. Tandis qu’il bat des ailes tout auprès de leurs têtes, Tranquille saisit une de ses ailes et Brigand l’autre ; l’oiseau leur crie : « fermez les yeux », et remonte tout droit comme un caillou lancé par une fronde.

Tandis qu’ils sont là-haut, tout en l’air, Brigand entr’ouvre les yeux. L’oiseau avait à chaque aile une belle plume d’or qui brillait au soleil. Brigand aperçoit la plume ; il change tout doucement la position de ses mains pour pouvoir saisir la plume et l’arracher d’un seul coup au moment où l’oiseau les aura déposés à terre. L’oiseau a senti bouger sa main, il devine pourquoi, il secoue vivement ses ailes. Les mains de Brigand et de Tranquille glissent. Ils tombent du haut du ciel en faisant plusieurs tours sur eux-mêmes et meurent en se brisant sur les roches. D’en haut l’oiseau les regarde étendus sur la terre. Rien ne bouge. Il se dirige vers le soleil couchant et disparaît.

Le lendemain matin, voilà qu’auprès des deux cadavres l’herbe se met à remuer doucement. L’herbe s’agite encore, et une tête paraît : c’était la tête d’une tortue. La tortue s’approche de Brigand ; elle le regarde un bon moment, et elle se met à rire comme une tortue peut rire. Elle quitte le corps de Brigand et vient à Tranquille ;