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de la serrure. Maman ! vous dis-je, il faillit se trouver mal tant était jolie la jeune fille qu’il aperçut. C’était la chambre de Peau d’âne. Il secoue la porte ; Peau d’âne est tout interdite de le voir ; il entre. Les voilà qui causent, qui causent, qui causent. Quand il fut l’heure d’aller se coucher, le prince lui dit : « N’ayez pas peur, ne dites rien à maman. Maman vous a dit de faire un gâteau ; en le faisant, jetez dedans cette bague qui est à mon doigt. Je ferai semblant de m’étrangler. Alors les choses se gâteront ; maman sera forcée d’envoyer chercher Un médecin, et nous verrons. »

Peau d’âne fait le gâteau ; elle jette la bague dedans, et le gâteau cuit.

Le soir arrive. Tout le monde mange. Le prince a bien remarqué à quel endroit du gâteau se trouve la bague. Quand on en est au gâteau, il coupe juste le morceau où est la bague ; il le met dans sa bouche, et soudain jette un grand cri comme s’il s’étranglait. Tout le monde se lève ; on bouscule la table, la lampe s’éteint, les verres se brisent, c’est un tapage indescriptible. Et tous de demander au prince : « Mais, qu’est-ce que tu as ? — Mais, qu’est-ce que vous avez ? « Il montre sa gorge. Sa mère lui dit : « Ouvre la gorge ! » Il ouvre la bouche ; la reine voit une bague au fond de sa gorge. Elle essaye de la retirer : ah !