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La bonne femme arrive et voit les fleurs ; elle les regarde et leur dit :

— Eh vous, les enfants ! est-ce que vous vous figurez que deux marmailles comme vous vont jouer au sorcier avec moi ! Levez-vous ! je l’ordonne.

Jean et Jeanne obéissent. Ils se tiennent debout devant la bonne femme, et ils pleurent. La bonne femme les regarde, elle ne dit rien, elle songe. Si elle les ramène au bonhomme loup, le bonhomme les mangera. Mais Jeanne est sa fille ; Jean est un enfant qu’elle a entre ses mains depuis sa naissance ! Son cœur se serre. Non, c’est impossible ! ses yeux se mouillent. Soudain elle prend Jeanne entre ses bras, la presse sur son cœur et l’embrasse ; puis, la poussant vers Jean, elle leur dit :

— Allez, enfants ! allez-vous-en, partez, partez !

Jean et Jeanne s’en vont.

La bonne femme, immobile, les suit des yeux et les regarde jusqu’à ce qu’ils aient disparu dans le lointain.

Alors elle s’essuie les yeux et reprend le chemin de sa maison.

Sur sa route, elle rencontre deux gros chiens ;