Page:Baissac - Le Folk-lore de l’Île-Maurice, 1888.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle prend la gratte et gratte un coup : voilà la montagne labourée toute ; le maïs lève, le maïs pousse, le maïs est mûr.

Quand bonhomme loup revient, il voit ça et dit :

— Si fait, Jean, si fait va ! tu es brave comme moi-même.

Le lendemain, bonhomme loup réveille Jean au point du jour ; il le conduit dans la cour et lui dit :

— Aujourd’hui, c’est ici même que nous travaillerons : il y a un petit ouvrage pour nous deux. Voici une grosse pierre, voilà un œuf de cane. Pose l’œuf par terre, jette la pierre dessus. Mais prends garde de casser mon œuf ! Si l’œuf se casse, je te tue, je te mange !

Pauvre Jean ! comment s’en tirer ? Il met l’œuf par terre, il prend la pierre et la jette, l’œuf s’écrase. Le loup, vous dis-je, pousse un hurlement ; il saisit Jean, le charge sur son dos, le porte au fond de la cour, ouvre une petite case, le jette dedans et ferme la porte à clef.

En revenant à la maison, le loup rencontre Jeanne à moitié chemin et lui dit :

— Va vite à la cuisine, remplis la chaudière, fais bouillir l’eau : j’en ai besoin pour ébouillanter Jean.

Jeanne court à la cuisine ; elle ramasse trois