Page:Baissac - Le Folk-lore de l’Île-Maurice, 1888.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.

PRÉFACE



C’est il y a quelque cinquante ans qu’aurait dû venir à un de nos anciens la pensée d’écrire ce livre, ou du moins d’en réunir les matériaux. Sa récolte eût été abondante et facile ; la nôtre est maigre en dépit de nos peines.

Il y a cinquante ans, la population créole noire, dont seule la littérature est l’objet de cette enquête, était nombreuse et bien vivante ; aujourd’hui elle est en train de disparaître, chacun le sait. Ce n’est pas, sans doute, que comme les peaux-rouges de l’Amérique, comme les aborigènes de l’Australie ou les maoris de la Nouvelle-Zélande, le contact avec la race anglo-saxonne l’ait virtuellement condamnée à mort ; Dieu merci, les causes de sa disparition n’ont pas cette fatalité tragique : notre population créole noire n’est pas en passe de mourir, mais d’évoluer.