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deux hommes se donnèrent des coups de poing, tandis qu’elle filait avec un troisième, un gros ventre sous un froc ? Ce qui est sûr, c’est que ni là haut, ni en bas, ni nulle part où l’entraîna le poids de sa tête, elle ne découvrit Vladimir.

Alors, zut ! Le bal est une fête d’où, faute d’air, on finit par partir. « Les autres sont saouls, moi seule je suis fraîche. » Elle lâcha le mirliton ; elle s’effondra, de son long, sur une banquette, elle suivit un groupe, elle se laissa pousser dans une voiture. « Tiens, un Monsieur ! » Il était très gentil. Vous êtes tous très gentils. Mais après tant de baisers, on aurait bien pu la laisser bâiller à son aise…

Le lendemain elle eut mal de tête. Et puis cet homme dans la voiture ?

— Tais-toi, grande sotte, fit Vladimir, c’était moi.

Lui ? Elle pouvait en douter. D’ailleurs on ne recommence pas ces folies, et, le bal suivant :

— Chéri, je ne suis pas libre, mentit Marie, qui passa la nuit calmement avec Monsieur.

On devient sage.

Ce carnaval, il faut croire, n’eut pas d’autres conséquences. Sauf une peut-être, par la faute d’un bouton. Petits boutons en os, humbles frères du nez de Cléopâtre, vous ne fixez pas que les boutonnières. Plus grands, plus petits, pour une simple Marie, la face du monde eût été changée. Il y a l’avenir, ce que dans l’existence on ne peut éviter et que, pour cela, on appelle le Destin.

Celui de Marie voulut que le bouton de Vladimir fût trop gros pour son col.