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— Je ne sais pas, Monsieur.

— Dites donc, Marie, Hector, hé ! hé ! qu’est-ce qu’il faisait dans votre chambre.

— Oh ! ça, Monsieur !…

Elle ne le disait pas, mais ce devait être drôle ; elle pouffait ; elle tenait mal sur sa chaise, elle avait soif.

— Je vide mon verre, Monsieur.

— À votre santé, Marie.

Puis, de nouveau, elle voyait l’homme avec son cercueil, le berceau qu’on vidait, Yvonne avec sa figure de morte :

— Oh ! Monsieur, je suis bien malheureuse !

Il lui pressait la main, elle sanglotait.

Après, elle eut envie de dormir et bien sûr qu’elle dormit puisqu’à la fin elle s’éveilla. Et voilà : elle qui, depuis Hector, ne tirait jamais sa chemise, elle se trouvait sans ; elle se trouvait au fond d’un lit, dans une chambre qui n’était pas la sienne ; il y avait un second oreiller et sur cet oreiller dormait une barbe :

— Oh ! Monsieur !

Et cette barbe parlait :

— N’aie pas peur, ma chérie…

Yvonne étant morte le mardi, ceci se passa le matin du vendredi et le soir, sur l’oreiller de Monsieur, Marie n’eut plus peur. « Il n’y a que le premier pas qui coûte » aurait constaté l’ex-instituteur, le père de Marie. Ce que ce pas avait coûté ? Peu de chose à Monsieur ; quant à Marie, l’enfant était mort à point pour que la mère eût soif.

Elle avait là-dessus ses idées de Marie : Monsieur aurait pu l’inviter autrement, attendre