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plein soleil dans le ciel bleu. Le beau temps avait l’air de faire partie de sa chambre : elle en semblait plus grande.

Il dit :

— Mademoiselle Marie, pour un premier jour, nous avons de la chance. Si cela vous plaît, nous allons faire notre promenade.

Il commença par le cimetière. Il y marchait comme chez lui. C’est drôle : elle oublia tout de suite qu’elle se trouvait parmi des morts. On y voyait beaucoup de fleurs. Autrefois, au temps de François, elle avait appris à donner leur nom aux fleurs. Elle fit :

— Tiens, des balsamines. Oh ! un cognassier du Japon !

— Je vois, dit-il, que vous connaissez la botanique.

Elle répondit :

— J’aime beaucoup les fleurs.

Ils sortirent du cimetière, ils allèrent plus loin. Il poussait sur les haies d’autres fleurs, il en poussait dans les champs. Ils allaient côte à côte, pas trop près comme quand on ne se connaît pas encore, assez près cependant puisqu’ils se connaîtraient bientôt.

Elle s’arrêta pour regarder un hanneton.

— Mademoiselle Marie, voulez-vous que je vous prenne ce hanneton ?

Pour un jeune homme, ce sont de vilaines bêtes. Il avança des doigts qui avaient peur. Quand il l’eut décroché, elle fut contente parce qu’un homme avait pour elle surmonté sa peur…

Il dit ensuite.

— Mademoiselle Marie, si cela vous plaît, voici le restaurant.