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de mauvaises habitudes, elle buvait, elle se lamentait :

Oh ! quel malheur
D’être une putain fanée !

— Oh ! Louise, grondait Marie. Viens plutôt dans ma chambre.

Dans la leur, les autres passaient le temps au lit ou s’abrutissaient à bâiller. Marie faisait du crochet.

Voici l’écheveau que l’on déroule, les points que l’on compte, les mailles qui s’accrochent, l’une près de l’autre, sur l’aiguille. Après beaucoup de mailles, cela fait, tu vois, Louise, une rosace. Maintenant je commence la dentelle pour cette rosace. Après, il viendra d’autres rosaces ; un jour, tout cela mis ensemble formera une courtepointe.

Elle fit une courtepointe pour Louise.

Quelquefois, au milieu de son travail, Mme Berthe appelait :

— Blanche.

Blanche achevait sa maille, enlevait son peignoir : « À tantôt, Louise » et descendait vers l’homme.

Il y eut ainsi, après la courtepointe pour Louise, la courtepointe pour Mère, un dessus pour la cheminée, une housse de chaise où se voyait une levrette, une autre, à l’étude, où ce serait un caniche.

Quelquefois on ne criait pas « Blanche ? » on criait à la rue : « Michel, veux-tu venir ici, petit ? » Une voix de femme, toujours la même. À cause des volets, elle n’avait jamais vu ce petit Michel. Mais ce devait être un gentil