Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

existe des maisons, des maisons, vous comprenez, où, quand on veut bien se tenir, ça rapporte…

Comment à Marie, on proposait cela ? Ici, au pays de Mère, quand elle avait promis au consul de devenir une honnête fille !

— Non, fit-elle.

Et le lendemain encore : non.

Après elle objecta : Mais…

Il ne faut pas. « Mais » est une clef qu’on livre pour qu’on force votre volonté. « Non », dites « Non » dur et haut comme une muraille sans porte. Sinon, on faiblit ; un jour, on ne refuse pas d’aller voir une de ces maisons, on pense qu’en somme… et clac ! une trappe se referme.

La verdurière l’avait menée. Avant de partir, cette brave femme resta quelques instants avec la patronne et celle-ci lui passa de l’argent. Une verdurière, quand elle est bonne, ne vend pas que des céleris et des carottes.

Marie vit cela.

Pour ce qui survint ensuite peut-être que, toute seule, elle eût agi autrement, mais on lui avait dit :

— Mme Berthe, la gouvernante, vous accompagnera. Ce ne sera rien, une simple visite à M. Dupin, histoire de se mettre en règle. Vous répondrez comme elle.

M. Dupin était le commissaire qui s’occupait des femmes. On avait d’ailleurs fait boire à Marie un petit verre de vin.

Dans la salle où elle entra, on lui dit :

— Asseyez-vous, M. Dupin va venir.