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ces gens, qu’est-ce qu’ils pensaient ? Ils ne s’empressaient plus comme au temps de Monsieur : « Qu’y a-t-il à votre service, Mademoiselle Marie ? » Ils étaient bien trop occupés à servir les clients de leur boutique :

— C’est entendu, vous repasserez plus tard.

Pourtant, chez la verdurière, cette brave femme fut meilleure. Elle se souvint tout à coup. Marie, pour les changer, venait de tirer ses pièces d’or. Comme c’est drôle : on n’y pense pas d’abord, mais justement la verdurière avait de libre une mansarde.

— Vous y seriez bien. Pour la table, on s’arrangera, du moins pendant quelques jours, car vous trouverez bien vite une place.

On s’arrangea, mais pour la place ce ne fut pas facile. Les dames qui cherchaient une servante faisaient la moue. Autrefois, au Refuge, elle était un peu ronde du ventre, à présent elle se trouvait de partout trop plate. Si plate, on est pauvre ; pauvre, on est une voleuse ou tout comme… Puis on mange trop.

— Mais Madame, j’affirme que Madame…

— Non, pas vous, ma fille.

… Et il ne vint pas de Monsieur.

— Ma fille, disait la verdurière, je sais bien, moi, ce que je ferais.

Ce qu’elle ferait, elle ne s’en expliqua pas tout de suite. Elle réserva son moment. Un jour, pour régler sa pension, Marie dut changer sa dernière pièce :

— Voilà… commença la verdurière.

Voilà ! Oh ! cela ne tire pas à conséquence : on connaît la vie ; il n’y a pas de sots métiers, pourvu qu’ils rapportent. Et précisément, il