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Et pour quoy m’as tu mis à toi contrariant ?
Et pour quoy ſu-ie fait à moi même ennuieus ?  ?
Et que ne m’oſtes-tu mon forfait odieus ?
Et que n’efaces-tu mon peché me tuant ?
Me Voila qu’il me faut incontinent coucher
En la poudre ieté là où ie dormirai,
Dou ne reſourdrai point ni me retablirai,
Le lendemain matin ſi tu viens me chercher.

ii. Tædet animam meam.

Mon ame de ma vie eſt ennuiee : il faut
Que même contre moi m’echape de parler :
De mon âme ne puis l’amertume celer :
Ne me condamne pas, ce dirai-ie au Treshaut.
Fai moi paroir pour quoi tu me iuges ainſi :
Aprouues-tu pour bien de me calumnier ?
Et de m’acabler moi de qui tu es l’ouurier ?
Et d’aider le conſeil des méchans en ceci ?
As-tu les yeus de chair ? Come l’home vois-tu ?
Tes iours ſont-ils ainſi que de l’home les iours ?
Tes ans vont ils ainſi que des humains le cours ?
Dont le tems coule tôt emportant leur vertu ?
Que tu viens mon méfait & peché rechercher,
Pour ſauoir que n ai fait aucun acte méchant :
Vu qu’il n’eſt nul au monde aucun moien ſachant
Pour pouuoir de ta main qui que ſoit aracher.

iii. Manus tuas domine.

Tes mains Seigneur m’ont fait, & tout tel que ie ſuis
Entierement formé : toi tant ſoudenement
Me viens précipiter ? Reſouuien-toi coment