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cret de l’âme, pour y atteindre et s’en saisir, soit fixe et immuable ; dès-lors c’est une conséquence nécessaire, que l’âme aille se perfectionnant de plus en plus, et se façonne, d’un seul coup, à toutes les vertus. Et telle est véritablement l’opération qui retrace les œuvres de la nature ; au lieu que ces autres dont nous parlions, semblent n’être que des œuvres de la main humaine. Car de même qu’un sculpteur, lorsqu’il fait une statue, ne figure que la partie dont il est actuellement occupé, et non les autres : par exemple s’il figure la face, le reste du corps demeure informe et grossier, jusqu’à ce qu’il en soit là : au contraire, la nature, lorsqu’elle forme une fleur, ou un animal, figure toutes les parties à la fois ; et, d’un seul coup, ébauche le tout[1]. C’est ainsi que, lorsqu’on

  1. C’est ce que nie un des plus grands anatomistes qui aient existé, l’immortel Harvey : il prétend que les parties de l’animal sont formées les unes après les autres.