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de deux ; ou qui, au lieu de boire de grands coups, n’en boiroit d’abord que de moyens, puis de petits, et à la fin s’abstiendroit tout-à-fait de l’usage de cette llqueur. 3°. Enfin, dompter tout-à-fait son naturel, en ne lui cédant plus en rien. Mais si l’on avoit assez de force d’âme et de constance pour s’affranchir d’un seul coup de la tyrannie de son naturel, cela vaudrait encore mieux. Le seul mortel dont l’âme ait recouvré toute sa liberté, c’est celui qui, ayant su rompre tous les liens qui la blessaient, a enfin cessé de sentir la violence qu’il s’est faite.

Il ne faut pas non plus rejeter cette antique règle qui prescrit de plier son caractère, ou son esprit, en sens contraire de son naturel, pour le rectifier plus aisément ; comme on fléchit un bâton en sens contraire de sa courbure, pour le redresser ; règle, toutefois, qu’il ne faut appliquer qu’au seul cas où cet extrême opposé n’est pas lui-même un vice.