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critique sociale

passionnée des cultures. On n’épargne que pour faire valoir.

Faire valoir ! Mot terrible dans son prosaïsme, mot immense qui renferme toutes les souffrances de l’humanité. Lorsque la séquestration du dollar, en arrêtant l’échange, a mis l’embargo sur la production, ouvrier inoccupé demande du travail pour vivre. Car son ambition, à lui, est de pouvoir travailler, comme celle de tant d’autres est de ne rien faire, Il a même une prétention, le droit au travail, qu’il voudrait inscrire en tête des droits sociaux, prétention redoutable qui fait frémir, non sans raison, toute la race du capital.

Qu’est-ce en effet que le droit au travail ? C’est la certitude d’un travail régulier, constamment échangeable contre les produits d’autres travaux. Car la faculté permanente de l’échange peut seule garantir la continuité de l’occupation. Point d’échange, point de travail.

Or, les prélibations du capital ont pour unique origine dans le passé, pour gage unique dans l’avenir, ces lacunes de l’échange, nées de l’accaparement des espèces, qui, en enrayant la production, mettent l’ouvrier à la merci du capitaliste,

C’est alors que le chômage suppliant est contraint de subir la dure condition de la main-d’œuvre au rabais. Ainsi, d’un côté, le capital prélève sur le travail une nouvelle dîme, source de nouvelles accumulations qu’il fera valoir à leur tour ;