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critique sociale

l’échange honnête, au pair, sans le dîmage des écus, aurait castorisé notre espèce, en la figeant dans l’immobilisme. Maintenant encore, il amènerait le même résultat.

Il est permis de supposer que les hommes auraient senti la nécessité de combiner leurs efforts pour la production compliquée, qui exige une quantité considérable de matériaux, de provisions et d’instruments. Tant que la simplicité de l’outillage eût permis au producteur d’obtenir par l’échange ce qui suffit pour travailler et pour vivre, on s’en serait tenu là. Mais l’homme est perfectionneur par nature. Bientôt, les exigences d’une industrie plus avancée auraient déterminé la coopération des activités particulières et, les travailleurs recueillant le fruit intégral de leur labeur, la prospérité générale aurait pris un rapide essor. Par suite, accroissement progressif de la population, du bien-être, des lumières, réseau de plus en plus développé des divers groupes, et enfin aboutissement assez prompt à l’association complète, sans despotisme, ni contrainte, ni oppression quelconque.

Le vampirisme à fait évanouir un si beau rêve. L’accumulation du capital s’est opérée, non par l’association, mais par l’accaparement individuel, aux dépens de la masse, au profit du petit nombre.

En conscience, ce rêve de fraternité, au temps