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l'usure

chacun. Or, si le troc en nature suffisait aux temps primitifs, alors que la consommation portait sur un très petit nombre d’objets, tous de nécessité absolue, il devenait radicalement impossible entre les milliers de produits d’une industrie perfectionnée.

Un intermédiaire était donc indispensable. Les qualités spéciales des métaux précieux ont dû les désigner de bonne heure à l’attention publique. Car l’origine de la monnaie remonte à des époques inconnues. On la suppose née à peu près avec l’âge de bronze. Du reste, ceci n’a aucune importance économique et n’intéresse que l’archéologie. Ce qui nous touche, c’est l’expérience, acquise depuis trop longtemps, que les services rendus par le numéraire ont été pavés bien cher. Il a créé usure, l’exploitation capitaliste et ses filles sinistres, l’inégalité, la misère. L’idée de Dieu seule lui dispute la palme du mal.

En pouvait-il être autrement ? Quand naquit la monnaie, deux procédés s’offraient aux hommes pour l’emploi de ce moyen d’échange, la fraternité, l’égoïsme. La droiture eût conduit rapidement à l’association intégrale. L’esprit de rapine à créé l’interminable série de calamités qui sillonne l’histoire du genre humain. Entre ces deux routes, pas même un sentier. Car, avec le maintien du régime individualiste,