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critique sociale

petit mobilier. Il ne laisse pâtir ni sa femme, ni ses enfants… Bref, il a un cœur et non un caillou dans la poitrine ; mauvais outil pour faire une maison.

La vente de son produit pourrait, à la rigueur, couvrir sa dépense ; elle ne permet point d’économies. D’ailleurs, il sait par expérience que le manque de débouchés est la ruine du producteur. Il ne voudrait point affliger les autres d’un fléau si redoutable à lui-même, fléau qui se propage par contagion. Il achète à titre de réciprocité, d’après le dicton populaire : « Consommer pour faire aller le commerce. »

C’est cette moitié-là du pigeon qui le perd. Malheur au travailleur qui a une conscience, qui n’épargne pas afin d’exploiter ! Arrive une mévente, un chômage, la rentrée ne se fait point. Il faut emprunter. Vous savez le reste, puisqu’il est votre ouvrage. Toute ma plume y a passé.

Gobseck. — Tu vois bien que c’est ta faute. Il fallait ne pas tout croquer à mesure. Il fallait mettre un magot de côté, lui faire faire des petits, que diable !

Lazare. — Vous parlez vautour à un pigeon. C’est peine perdue. I1 ne comprend pas la langue. Vous connaissez maintenant l’un des oiseaux. Voyons l’autre.

Le vautour ne tient pas encore sur ses pieds qu’il a déjà saisi le mécanisme social : gruger par