Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
22
critique sociale

faire son choix entre une quantité d’autres produits ! C’est une combinaison merveilleuse, Pourvu qu’elle soit bien exécutée, je veux dire que l’échange s’accomplisse loyalement.

Dans cette opération, l’argent est le maître, puisqu’il choisit à volonté, et que chaque producteur est trop heureux de l’obtenir en retour de sa denrée, Celui qui, ayant eu le bonheur de vendre la sienne, n’achète pas celle des autres, et se prive, comme vous dites, pour amasser les espèces dans un but criminel d’exploitation, celui-là viole ouvertement la loi de réciprocité qui est la nôtre. Il laisse quelque part, dans la détresse, des producteurs embarrassés d’une marchandise pour eux inutile, et dépourvus du numéraire qui est une condition absolue d’existence. C’est un véritable attentat à l’ordre social fondé sur la solidarité par l’échange,

Gobseck. — Mais je ne les amasse point ces espèces. En les fesant valoir, je les remets dans la circulation d’une manière productive,

Lazare. — Vous les faites valoir plus qu’elles ne valent. Là précisément est le crime. La base de l’échange est l’équivalence des objets échangés. La monnaie n’est que l’intermédiaire entre deux valeurs égales. Elle n’a point d’autre fonction. Vous l’achetez avec votre produit. Vous devez la vendre contre un produit de même prix.

Gobseck. — C’est impossible. Je défie bien que